
Depuis juillet 2021, Dalí affirme une identité artistique polyvalente, évoluant au rythme de ses multiples inspirations. Avec son dernier projet Muse, l’artiste assure son ascension imminente au sein du rap français.
De par son timbre d’une souplesse unique et ses textes ciselés, Dalí s’est imposé sur les réseaux sociaux avec son premier album Magazine, paru en janvier 2023. Déterminé à faire de sa musique un reflet de sa personnalité, le rappeur écume les références à ses amours, son enfance ou encore ses passions, tout en restant discret sur sa vie personnelle. Originaire de la banlieue parisienne, il n’hésite pas à ancrer son univers musical à la Ville Lumière, laquelle sert de repère dans la plupart de ses morceaux, comme dans Valentina où le Louvre est implicitement évoqué.
Avec son nouvel album Muse, Dalí plonge les auditeurs dans ses propres retranchements. C’est la grand-mère de l’artiste qui ouvre ce projet de 21 minutes avec le son Un peu émue où elle évoque ses morceaux, souvent mélancoliques : “Il faut que ça s’éclaircisse, avoir un peu de ciel bleu, de jolies couleurs [...] T’en as quand même encore lourd sur le coeur”. De quoi bien préparer le public à la suite de l’album, dont les huit titres sont imprégnés d’un spleen qui semble s’accrocher à l’artiste autant qu’il plaît à ses fans.
La fibre artistique
Comme Salvador Dalí avant lui, le rappeur égrène les formes d’art. Avec le terme Muse, il réaffirme sa créativité artistique, prenant comme source d’inspiration de l’album les femmes ayant partagé sa vie ; de sa grand-mère à ses amours passagers. Cette inspiration, Dalí la puise aussi dans le septième art. Ces morceaux sont truffés de références cinématographiques, comme dans le titre Poster où il évoque Penélope Cruz. Un amour pour le grand écran qui se confirme avec le son Jalil, consacré à l’acteur Jalil Lespert et débutant par l’une des phrases iconiques du film Pulp Fiction : “If you’re alright, then say something”.
C’est aussi grâce à Kura que cet univers prend réellement vie. L’album, qu’il a entièrement composé, est fait de sonorités toutes plus intenses les unes que les autres. Dans le morceau Bardot, Kura offre une véritable atmosphère de cinéma au travers d’une prod frissonnante qui accompagne parfaitement la voix singulière de Dalí ; véritable palette sonore, capable de passer de rauque à mélodieuse en quelques secondes.
Le luxe d'être heureux
L’artiste ne cache pas son amour pour la mode et le luxe. Son projet Magazine incarnait déjà ce goût pour l’élégance avec des clins d'œil à des marques comme Valentino et Hermès. Avec Muse, il reprend ces codes dans de nombreux morceaux. Le clip de Carcan de cuir s’ouvre ainsi sur une Lamborghini, là où le son Des grillz et du grunge se clôt sur “une f40 grise”.
Ce luxe, Dalí l’oppose au blues au travers de sa musique. Dans Jalil, les références à Yves Saint-Laurent et Margiela laissent rapidement place à celles de la “coke” et des “larmes” pour décrire une femme rongée par le chagrin. Son titre 4¿ntent¿on met l’accent sur cette souffrance qu’il n’arrive plus à masquer derrière l’opulence : “J'tente de me sauver, d'esquiver la pente mais je tombe à chaque fois”.
Dalí assume ses relations tumultueuses, dont il se sert comme d’un fil conducteur dans son projet, et ce dès le deuxième morceau : “Culotté, tu pleurais, j'ai dit "qu'est ce que t'es belle"”. L’outro de l’album, Madeleine, contraste avec ce rapport nocif aux femmes ; on y retrouve des souvenirs de sa grand-mère, sa première muse, nous ramenant à l’intro de l’album.
Dans la trame sonore envoûtante de Muse, Dalí a su révéler une nouvelle fois son authenticité artistique. Avec un concert à la Boule Noire le 20 janvier, l’année 2024 sera sans aucun doute un tournant dans la carrière de celui qui s’impose d'ores et déjà dans un nouvel éventail du rap français qu’il pourrait bien dominer.